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Vapoter au volant que dit la loi ?

09/01/2025

La cigarette électronique au volant, est-ce autorisé ?

 
Voilà une question que de nombreux vapoteurs se posent régulièrement. Depuis l’explosion du marché de la cigarette électronique (ou e-cig) il y a quelques années, les conducteurs adeptes de la vape se demandent s’ils courent un risque d’être verbalisés en utilisant leur cigarette électronique pendant la conduite. Il est vrai que certains ont déjà été interpellés, voire sanctionnés, par des agents de police qui leur reprochaient un comportement jugé dangereux. Pourtant, lorsqu’on se penche sur la réglementation, aucune disposition spécifique n’interdit formellement de vapoter au volant.
 

1. Une pratique encore méconnue des forces de l’ordre

 

La cigarette électronique, ou ecig, est un dispositif qui permet de vaporiser un eliquide contenant ou non de la nicotine. À l’origine, elle a été pensée comme un outil d’aide au sevrage tabagique, et elle a conquis de nombreux fumeurs à partir du début des années 2010. Le succès de la vape s’explique par plusieurs facteurs : l’absence de combustion, la possibilité de doser la nicotine, la variété des saveurs et surtout l’idée d’inhaler quelque chose de moins nocif que la fumée de tabac.

Toutefois, il faut reconnaître que les forces de l’ordre ne sont pas toujours bien informées sur les spécificités de la cigarette électronique, ni sur le cadre réglementaire la concernant. Certains agents pensent parfois que la vape tombe sous le coup de l’interdiction de fumer au volant, alors qu’en réalité, la législation actuelle ne l’interdit pas explicitement.

 

Si l’on en croit le Code de la Route, il n’existe pas d’article spécifique qui bannit le vapotage au volant. La confusion peut néanmoins venir de la formulation large de l’article R.412-6 qui stipule :

« Tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d'exécuter commodément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent. Ses possibilités de mouvement et son champ de vision ne doivent pas être réduits par le nombre ou la position des passagers, par les objets transportés ou par l'apposition d'objets non transparents sur les vitres. »

C’est cette disposition, voulue volontairement générale, qui permet de sanctionner nombre de comportements jugés dangereux. De ce fait, la cigarette électronique peut y être incluse, selon l’appréciation du policier ou du gendarme qui verbalise.

 
 
Vapoter au volant que dit la loi ?

2. Une verbalisation à la discrétion des agents

 

En 2010, la sénatrice de Gironde Marie-Hélène Des Esgaulx a interrogé le Secrétaire d’État aux transports de l’époque sur les conditions d’application de cet article R.4126. Il en a résulté une réponse claire :

 

« L'appréciation de ces comportements est à l'initiative des forces de l'ordre, sous le contrôle de l'autorité judiciaire. »

 

En clair, cela signifie que c’est bien à chaque agent, qu’il s’agisse de la gendarmerie, de la police nationale ou de la police municipale, de décider si un conducteur commet ou non une infraction en vapotant. Dans la pratique, cela dépendra de la manière dont vous utilisez votre cigarette électronique. Il convient donc de rester vigilant.

 

L’exemple le plus connu à ce sujet est celui d’une conductrice qui, en 2009, s’était fait verbaliser pour avoir fumé au volant. Elle avait contesté l’amende en faisant valoir que la réglementation n’interdit pas de fumer en conduisant. Elle a obtenu gain de cause. Cependant, depuis 2015, la Loi Tabac interdit de fumer (tabac ou cigarette électronique) en présence d’un mineur dans la voiture. Cela vise principalement à protéger les enfants du tabagisme passif ou, dans le cas de la vape, d’aérosols potentiellement irritants.

 

Pour avoir le texte exact, vous pouvez consulter cette disposition législative sur le site du gouvernement.fr ou sur Légifrance. Ainsi, même si la vape n’est pas formellement mentionnée à ce sujet pour l’interdiction en voiture, la prudence pousse à éviter tout risque et à protéger les plus jeunes des potentiels effets secondaires de la vapeur.

 

3. Le contenu de l’article R.412-6 et ses implications

 

Revenons à l’article R.412-6, qui est au cœur de la problématique. Voici ce qu’il indique plus précisément :

 

« Tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d'exécuter commodément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent… »

 

Cet article est souvent utilisé pour sanctionner des comportements variés : l’utilisation d’un téléphone portable sans kit mains libres, la manipulation d’un GPS, l’écoute d’une musique trop forte qui empêcherait le conducteur d’entendre les signaux sonores extérieurs, ou encore la consommation de certains aliments au volant (manger un sandwich peut parfois être verbalisé en vertu de ce texte).

 

Dans le cas de la cigarette électronique, ce qu’on peut vous reprocher, c’est :

De porter votre attention sur la manipulation du matériel (par exemple, si vous rechargez votre dripper en eliquide en roulant).

De produire un volume important de vapeur, susceptible de diminuer votre champ de vision.

De laisser votre ecig tomber ou rouler sous le siège, vous forçant à baisser la tête pour la ramasser.

 

En effet, la sécurité routière repose, entre autres, sur la vigilance du conducteur, sa capacité à anticiper et sa réactivité immédiate aux événements de la route. Si l’agent de police estime que le vapotage vous empêche de conduire « commodément et sans délai », il peut considérer qu’il y a infraction.

 

4. Pourquoi certains conducteurs ont déjà été verbalisés ?

 

Plusieurs conducteurs témoignent sur les forums en ligne dédiés à la vape, ou sur les réseaux sociaux, avoir été contrôlés et même sanctionnés pour usage de la cigarette électronique au volant. Les raisons invoquées par les forces de l’ordre peuvent varier :

 

Nuages de vapeur gênants : Certains vapoteurs affectionnent les gros nuages, surtout avec des drippers très performants ou des atomiseurs subohms. Or, dans l’habitacle confiné d’une voiture, cette vapeur peut effectivement troubler la visibilité, autant pour le conducteur que pour d’autres usagers de la route si la vapeur est expulsée par la fenêtre.

 

Maniement complexe du matériel : Utiliser un dripper nécessite de verser régulièrement quelques gouttes d’eliquide sur la résistance. Si vous réalisez cette opération en conduisant, votre attention est détournée de la route et vos mains ne sont pas sur le volant. Là encore, un agent peut considérer que ce comportement est dangereux.

 

L’aspect suspect de la cigarette électronique : Certains policiers, mal informés, peuvent encore croire qu’il s’agit d’un dispositif illégal ou juger que vous êtes en train de fumer une substance interdite. Il est donc essentiel d’expliquer clairement qu’il s’agit d’une ecig légale, si vous êtes contrôlé.

 

Distraction avérée : Même si votre dispositif est simple, manipuler un bouton, vérifier le niveau de batterie ou de liquide, ajuster la puissance, etc., peut vous mettre en faute si vous n’êtes pas en mesure de réagir vite à un événement sur la route.

Cependant, il ne faut pas non plus diaboliser la pratique. Dans la plupart des cas, les forces de l’ordre font preuve de tolérance si elles constatent que la cigarette électronique ne nuit pas à votre conduite. Les verbalisations pour vapotage au volant sont encore rares, même si elles existent.

 

5. La question de la fumée (ou plutôt de la vapeur) et de la visibilité

 

L’article R.412-6 mentionne que « le champ de vision ne doit pas être réduit par (…) l’apposition d’objets non transparents sur les vitres ». Certes, la vapeur n’est pas un objet, mais on pourrait considérer qu’un nuage dense est « non transparent » et qu’il réduit la visibilité. Certains vapoteurs pratiquant le power vaping ou le cloud chasing (gros nuages) se trouvent potentiellement dans cette situation, surtout dans un environnement clos comme l’habitacle d’une voiture.

 

Imaginez que vous soyez à un feu rouge, vous profitez de l’arrêt pour tirer quelques longues bouffées de votre e-cig. Lorsque le feu passe au vert et que vous devez démarrer, la vapeur n’a pas nécessairement eu le temps de se dissiper et peut perturber vos premiers instants de conduite. Cela peut suffire à justifier une observation d’un agent de police, voire une verbalisation, s’il estime que vous n’étiez pas en mesure de voir clairement.

 

Par ailleurs, il ne faut pas négliger l’impact visuel que peuvent provoquer de grandes volutes de vapeur sortant des vitres d’une voiture. Certains conducteurs peuvent être perturbés, se demander si un incendie ne s’est pas déclaré dans le véhicule, ou encore s’inquiéter de la nature de la fumée. Cela peut générer un stress inutile sur la route. Pour éviter ce genre de malentendu, mieux vaut vapoter discrètement, avec du matériel adapté à une production de vapeur plus « raisonnable ».

 

6. L’importance du bon sens et de la prudence

 

Le débat sur la légitimité de vapoter au volant repose principalement sur le bon sens. Que ce soit pour la cigarette électronique, un téléphone, un café à emporter ou n’importe quel objet susceptible de monopoliser vos mains ou votre attention, le principe est toujours le même : tout ce qui peut constituer une gêne pour la conduite et la vigilance est proscrit.

Quelques conseils pour rester dans les clous :

 

Préparez votre matériel avant de prendre la route : Assurez-vous que la batterie de votre cigarette électronique est suffisamment chargée, que le réservoir (ou le clearomiseur) est plein d’eliquide et que tout est bien réglé. Vous éviterez ainsi les manipulations en conduisant.

 

Optez pour un dispositif facile d’utilisation : Les pods, par exemple, sont souvent plus simples à manipuler qu’un mod mécanique ou un dripper. Ils réduisent le risque de fuite et ne nécessitent pas de remplissage fréquent.

 

Faites des pauses si vous ressentez le besoin de vaper : Si vous craignez la tentation de manipuler votre ecig en conduisant, arrêtez-vous dans une aire de repos ou sur le bas-côté (en toute sécurité, évidemment) pour prendre quelques bouffées tranquillement.

 

Évitez les gros nuages : En voiture, mieux vaut rester discret. Choisissez un eliquide et une résistance qui ne génèrent pas un épais brouillard. Votre visibilité et celle des autres usagers n’en seront que meilleures.

 

Restez courtois et transparent avec les forces de l’ordre : En cas de contrôle, expliquez calmement votre pratique. La plupart des agents comprendront si vous ne donnez pas l’impression de faire n’importe quoi.

Conclusion : la vape au volant, un équilibre entre liberté et responsabilité

 

Pour conclure, la cigarette électronique au volant n’est pas formellement interdite par le Code de la Route. Cependant, l’article R.412-6, par sa formulation large, permet aux forces de l’ordre de verbaliser tout comportement jugé dangereux ou inadapté à la conduite. Les nuages de vapeur, la manipulation de l’ecig ou le manque d’attention que celle-ci peut générer peuvent être considérés comme des infractions.

Face à cette situation, la prudence s’impose. Vapotage ou non, la route est un espace partagé qui exige la vigilance et le respect de chacun. Les vapoteurs doivent donc veiller à ne pas se mettre en difficulté ni à entraver la sécurité des autres usagers. Quelques secondes d’inattention peuvent avoir des conséquences dramatiques.

Par ailleurs, la verbalisation reste à la discrétion de l’agent qui vous contrôle. En l’absence de règles strictes et explicites, il est préférable de se montrer exemplaire pour éviter tout conflit ou tout malentendu. Le bon sens doit prévaloir : opter pour du matériel simple et discret, préparer sa cigarette électronique à l’avance, limiter les gros nuages, et surtout, ne pas se laisser distraire par l’acte de vapoter.

Rappelons également qu’en présence d’un mineur dans l’habitacle, il est fortement déconseillé, voire illégal selon certaines interprétations de la Loi Tabac, de fumer ou de vapoter. Protéger la santé des enfants demeure une priorité, et la fumée ou la vapeur, même moins nocive, peut être perçue comme un facteur de risque.

En définitive, si vous êtes vapoteur et conducteur, vous êtes libre de vapoter au volant, à condition de respecter les principes de sécurité routière et de vous assurer que votre champ de vision, votre réactivité et votre vigilance ne sont pas compromis. Soyez conscients que la loi, dans son état actuel, ne vous interdit pas de vapoter, mais qu’elle peut vous sanctionner si la cigarette électronique est jugée source de danger.

Afin d’approfondir le sujet, vous pouvez consulter :

Le site Service-Public.fr pour connaître vos droits et devoirs de conducteur.

Le site Légifrance pour l’ensemble des textes de loi (notamment l’article R.412-6 et la Loi Tabac).

Les forums de vapoteurs, où de nombreux témoignages sont partagés et où les expériences de chacun peuvent vous éclairer sur les bonnes pratiques.

 

En respectant ces principes et en vous tenant informé, vous pourrez continuer à profiter de votre e-cig en voiture, sans mettre en péril votre sécurité et celle des autres, ni risquer une amende injustifiée.

 
Bonne route et bonne vape… en toute modération !

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